Verticale de Minervois 2017

verticale

Vertivale de Minervois

Cette soirée est animée par Bernard Huang qui nous propose une verticale. Une dégustation verticale consiste à comparer un vi d’une même cuvée et d’un domaine sur plusieurs années, une sorte de voyage dans le temps. Pour information, la dégustation horizontale permet de comparer différents vins d’un même millésime et d’une même appellation.

 

Aujourd’hui, le domaine choisi est le Clos Centeilles, situé dans l’appellation du Languedoc, Minervois La Livinière, reconnu comme 1er cru en 1999. Cette propriété familiale de 12 hectares achetée en 1990 est dirigée par Patricia Domergue et sa fille Cécile. Le terroir se compose d’argilo-calcaire sur grès siliceux avec de petites parcelles en terrasse, orientées plein sud. Le climat est méditerranéen avec une pluviométrie très faible (500 mm/an). Les rendements sont bas (30-45 hl/ha) avec une viticulture raisonnée  et des vendanges entièrement manuelles. La production annuelle est d’environ 60000 bouteilles.

 

Bernard nous fait découvrir la cuvée « Campagne de Centeilles » formée de 80 à 95% de Cinsault (cépage noir à jus blanc) ; vignes d’environ 50 ans complétée par de la Syrah. Ce cépage est difficile (sensible aux maladies), il est plus connu pour donner des vins rosés ou rouges légers que des vins de garde.

La vinification passe par un éraflage total, cuvaison en cuve ouverte, nombreux pigeages, macération de 6 semaines, jus de presse réincorporé au vin de goutte. L’élevage est de 12 à 18 mois en cuve et 12 mois minimum en bouteille.

Les caractéristiques générales de cette cuvée sont les suivantes :

  • une robe rubis sans ombre, d’intensité moyenne,
  • un arôme friand de vin jeune, ni amylique, ni acidulé,
  • en bouche, du fruit, quelques épices dans un ensemble fondu.

L’effet millésime est lié aux précipitations, surtout pendant la période des vendanges.

 

Nous commençons la soirée consacrée à la cuvée « Campagne de Centeilles » par le millésime 2011 qui se caractérise par des vendanges sèches donc des tanins plus marqués, et plus de fruits et de matières.

La robe est de couleur cerise noire avec une certaine turpidité (comme s’il y avait de la poudre). Les larmes sont nombreuses. Le nez est expressif avec des notes de fruits et de bois (armoire de grand-mère). L’agitation révèle des senteurs de garrigue et d’écorce. La fraicheur domine en bouche avec une pointe d’épice et de poivre. Les tanins sont présents sans accrocher, du corps avec un coté tactile sans lourdeur malgré un degré d’alcool de 14,5. A déguster avec une palette de porc au cidre et aux oignons.

 

Ensuite, c’est le millésime 2010, défini par un automne pluvieux qui donne des vins plus bourguignons et plus sensuels. La robe est toujours cerise mais avec des reflets orangés. Elle est limpide. Le nez est vif sur la fraicheur avec des notes de caramel. L’attaque en bouche est suave et ample avec de la rondeur. Ce vin est bien équilibré avec une bonne longueur. Il s’adoucit encore avec le toast de terrine.

 

Nous poursuivons avec le millésime 2008 qui est similaire sur le plan météorologique à 2010. La robe est cerise avec des reflets brique. Le disque est bien marqué. Le nez reste sur la fraicheur avec des odeurs de pruneaux. A l’agitation, nous avons des senteurs d’herbes aromatiques et de viandes cuites. La bouche apporte des saveurs iodées et salines avec un coté oxydatif qui rappelle les vins du Jura.

 

Le millésime suivant est le 2003, année de sécheresse avec des tanins plus marqués, plus de fruits et de matière. Toujours une robe cerise avec des reflets orangés. Le verre est tapissé de nombreuses larmes. Le nez respire la fraicheur avec du corps et de la matière. Des arômes de pruneaux apparaissent à l’agitation. En bouche, la fraicheur se confirme alliée à la douceur, la finesse avec de la longueur et de l’amplitude pour obtenir un bel équilibre.

 

Nous passons à 1998 qui s’est traduit par des tanins plus fermes dûs au stress des gelées de printemps (rendement réduit de moitié). La robe est identique à celle de 2003. Le nez reste sur la fraicheur avec des notes de camphre, de vernis, d’alcool à brûler et un peu d’oxydation. La fraicheur se confirme en bouche avec des saveurs de cerise, le tout est ample, soyeux et long. Bernard a une sensation de poupées gigognes car on a l’impression de découvrir autre chose à chaque gorgée.

 

Nous terminons par le millésime 1994 marqué par un automne pluvieux qui donne des vins plus bourguignons et sensuels. La robe est rubis et limpide avec des reflets d’évolution tuilés marqués. Le nez est faible, cependant la fraicheur est là accompagnée d’une pointe de garrigue. En bouche, la longueur est bonne avec une finale légèrement asséchante mais il n’y a plus cette amplitude que nous avions dans les vins précédents. Au bout de 23 ans, nous sentons un peu de fatigue.

 

En conclusion, cette verticale nous a permis de découvrir ce que peut être un vin de garde. En effet, le coup de cœur de la soirée est allé à la cuvée « Campagne de Centeilles » de 2003 suivi de très près par le millésime 1998, soit des vins âgés respectivement de 14 et 19 ans. Le vin prend de l’ampleur et du corps au cours de sa garde en bouteille. Cette cuvée se caractérise par sa fraicheur et son amplitude soyeuse en bouche. Les prix s’échelonnent de 12,30 euros pour le 2011 à 27,90 euros  pour le 1994. Le degré d’alcool varie de 14,5 à 12,5. Cette verticale illustre à merveille cette maxime de Bernard : « Un vin ne doit pas faire regretter le précédent ».

 

 

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