Soirée Grands Vins saison 2018/2019
Cette soirée Grands Vins est concoctée par Stéphane Le Rest ; elle est consacrée à la Provence au travers de 3 appellations, Palette, Les Baux de Provence et Bandol visibles sur la carte ci-dessous :
AOP Palette
Il s’agit d’une petite appellation de 43 ha créée en 1948, située sur 3 communes Aix, Meyreuil et Tholonet. Le vignoble est constitué d’éboulis calcaires dans un cirque entouré de barres rocheuses. Les 3 couleurs sont produites avec la répartition suivante : 45% rouge, 35% blanc, 20% rosé. La richesse de l’appellation réside dans la variété des cépages utilisés, plus d’une trentaine. Les principaux en rouge et rosé : Cinsault, Grenache et Mourvèdre et en blanc, Clairette, Bourboulenc et Araignan. Quatre domaines vinifient du Palette : Duperré-Barrera, Domaine Henri Bonneau, Château Crémade et Château Simone.
AOP Les Baux de Provence
L’appellation datant de 1993 comprend 243 ha regroupés sur 11 domaines dont 80% sont cultivés en bio et biodynamie. Elle occupe les versants Nord et Sud des Alpilles. Le terroir est formé d’éboulis calcaires et de grèzes litées (petits graviers disposés en couches successives). Il est balayé par le Mistral qui assainit les vignes. La production se répartit comme suit : 48% rouge, 45% rosé et 7% blanc. Les cépages principaux en rouge sont: Grenache, Mourvèdre, Syrah et en rosé : Grenache, Syrah, Cinsault.
AOP Bandol
Cette appellation a été créée en 1941 et comprend 1480 ha au pied du massif de Sainte Baume. Le vignoble descend vers la mer en restanques (terrasses) orientées plein sud avec des sols composés de marnes et de calcaires. La production est dominée par le rosé avec 73%, puis le rouge, 22%, le blanc étant anecdotique, 5%. Le principal cépage est le Mourvèdre (50% minimum).
Nous débutons la dégustation par un vin blanc AOP Palette, Château Simone millésime 2015. Cette propriété familiale de 23 ha existe depuis 1830. Le terroir est composé d’argiles reposant sur un socle calcaire constitué d’éboulis provenant de la montagne Sainte-Victoire. Les vignes sont très vieilles, parfois plus de 100 ans et n’ont jamais connu les pesticides et les engrais chimiques. Les principaux cépages du domaine sont le Grenache, le Mourvèdre, la Syrah, la Clairette et l’Ugni. Pour la cuvée dégustée, l’encépagement est constitué de 80% de Clairette (fraicheur et fruité), 10% de Grenache blanc (rondeur, alcool), 6% Ugni blanc (acidité), 2% Bourboulenc et 2% Muscat à petit grain. Les derniers cépages viennent du fait que la parcelle est complantée (plusieurs cépages dans la même parcelle). Les vendanges sont manuelles avec tris à la vigne, puis foulage léger, égouttage et pressurage dans des pressoirs hydrauliques verticaux, débourbage léger et fermentation avec des levures indigènes. L’élevage est de 6 mois en foudres et sur lies, suivi de 12 mois en barriques.
La robe est jaune dorée avec de la brillance et des reflets argentés. Le vin est limpide. Le premier nez est ouvert et l’intensité est bonne. Nous avons de la fraicheur, des arômes de fruits jaunes et une pointe miellée. Le second nez ouvre la porte à un coté minéral de silex et pierre à fusil. En bouche, l’attaque est ronde avec une belle matière, de la fraicheur et de multiples saveurs : amande, poivre blanc, fenouil. Ce vin est à servir avec une daurade au four, fenouil et citrons confits ou une poêlée d’encornets. La garde est de 10 à 15 ans.
Changement de couleur avec un rouge du même domaine, Palette rouge 2014, château Simone. La parcelle étant complantée, l’encépagement se compose de 45% Grenache, 30% Mourvèdre, 5% Cinsault et 20% de cépages secondaires dont Syrah, Castet, Manosquin, Carignan, Muscats divers. Comme précédemment, les vendanges sont manuelles. La vinification se fait en petites cuves avec remontages. Le temps de macération varie de 15 à 21 jours. L’élevage est de 8 mois en foudre, puis un an en barriques pour finir par une mise en bouteille sans filtration.
La couleur est d’un rouge soutenu avec des reflets violacés et des éclats rosés. Nous avons de belles larmes. Le nez a une bonne intensité avec des odeurs de fruits rouges mûrs, d’épices et de garrigue. A l’agitation, la garrigue persiste mais des arômes tertiaires apparaissent (fumée, café, animal). L’attaque est ronde avec de la fraicheur en fin de bouche. Le vin a un bel équilibre et une bonne longueur. Une daube provençale ou un rôti de porc à la sauge l’accompagneront bien. La garde est de 10 ans au moins.
Le rouge suivant est un Baux de Provence, cuvée « Amesthyste », millésime 2016 du domaine Hauvette. L’exploitation de 15 ha existe depuis 1988 sous la houlette de la vigneronne Dominique Hauvette, en biodynamie depuis 2003. Les sols sont argilo-calcaires. Cette cuvée est composée de 70% de Cinsault, 20% de Carignan, et 10% de Grenache. La vinification inclut un éraflage total et l’infusion des baies. L’élevage est fait dans des cuves en forme d’œuf en béton.
La couleur est rouge clair avec des reflets rosés et de belles larmes. Au nez, l’intensité est très bonne avec de la fraicheur, des parfums de fruits à noyaux (cerise) et une pointe de réglisse. L’agitation se révèle complexe avec des notes animales, fumées et épicées. En bouche, le vin est délicat, élégant et velouté. L’équilibre est parfait, entre fraicheur et acidulé. La finale est longue. A déguster avec un jambon ibérique ou un lapin rôti aux herbes. La garde est de 10 ans, mais pourquoi le garder alors qu’il est si bon maintenant !
Nous passons maintenant à un Bandol, cuvée « Tourtine », millésime 2009, Domaine Tempier. Cette exploitation remonte à 1834 et compte aujourd’hui 38 ha. L’élevage se fait en foudre de 25 à 50 hectolitres. La parcelle « La Tourtine » a une superficie de 6,5 ha sur un sol argilo-calcaire au sommet d’un coteau très ensoleillé et très venté. L’encépagement est le suivant : 80% Mourvèdre, 10% Grenache, 10% Cinsault. L’âge des vignes est de 40 ans. Les vendanges sont manuelles avec un tri à la vigne et à la cave. La vinification est traditionnelle avec égrappage total et levures indigènes. La fermentation dure de 15 jours à 3 semaines en cuves inox ou béton. L’élevage se fait en foudres pendant 18 à 20 mois. La mise en bouteille est sans collage, ni filtration.
La couleur est sombre, limite noire avec des reflets tuilés. Les larmes sont épaisses. Au nez, les arômes tertiaires dominent : bouquet de sous-bois, cuir, fumé, tabac. A l’agitation, les parfums de sous-bois, cuir, café persistent avec des notes empyreumatiques. En bouche, les tanins sont fondus sur des saveurs de fruits mûrs (cassis). Le vin est équilibré. Nous avons une belle fraicheur en finale. Une souris d’agneau confite aux épices douces s’accorderait bien avec lui. Il peut encore se garder.
Pour terminer, nous avons un rouge IGP Alpilles, Domaine de Trévallon, millésime 2009. Cette propriété de 17 ha (15 ha en rouge, 2 ha en blanc) a été créée de toutes pièces dans les années 60 en dynamitant les rochers calcaires qui sont ensuite mélangés à la terre. Les premières vignes sont plantées en 1973 et la première vendange a lieu en 1976. Les vignes sont cultivées sans insecticides, engrais et herbicides chimiques. L’encépagement est composé pour les rouges de Cabernet Sauvignon et de Syrah à part égale et pour les blancs de Roussanne et Marsanne. Ce vin est en IGP Alpilles et non en AOC Baux de Provence car la part du Cabernet Sauvignon est trop importante. L’élevage est de 2 ans en foudres et barriques.
La couleur est d’un rouge profond. Les larmes sont épaisses. Coté olfactif, l’intensité est bonne. Nous avons une grande complexité au niveau des arômes (épices, fumée, fruits noirs). A l’agitation, le vin est chaleureux, la complexité persiste avec le cuir et les fruits noirs. En bouche, tout est équilibré et homogène. La fraicheur se mêle parfaitement avec un penchant velouté. Le vin parait assez jeune et peut encore se garder. Pour le déguster, un filet de biche et légumes provençaux ou des grillades d’agneau avec des aubergines farcies feraient merveille.
Un grand merci à Stéphane qui s’est décarcassé pour nous trouver des bouteilles des domaines phares de la région. Cette soirée nous a fait découvrir des Grands Vins dont nous ignorions l’existence. La Provence contient de superbes pépites qui n’ont rien à envier aux régions de Bordeaux et Bourgogne. Les prix varient de 42 à 85 euros. Le degré d’alcool va de 13 à 14.
Notre coup de cœur est allé au Baux de Provence, cuvée « Amesthyste », millésime 2016 du domaine Hauvette à 65 euros avec et sans connaissance du prix.