Cette première soirée nous est présentée par Fabienne Balcon. Nous allons nous intéresser aux Cépages Oubliés. A l’origine, nous avons des cépages primitifs proche de la vigne sauvage tel que le Savagnin qui donnera le Chenin. Ensuite viennent les cépages anciens (époque antique) comme le Pinot Noir et le Cabernet Franc. Enfin les cépages modernes qui datent du moyen age, par exemple le Guouais qui est le père du Gamay et du Melon de Bourgogne. La Bretagne a aussi son cépage, il s’agit de la Magdeleine noire des Charentes dont quelques pieds ont été trouvés près de la Rance en 1992.
Nous découvrirons 6 cépages ce soir :
Le Sacy :
Il s’agit d’un vieux cépage blanc bourguignon aux origines italiennes apporté par les moines de l’Abbaye de Reigny au 13ème siècle. Il est issu d’un croisement entre le Pinot Noir et le Chardonnay. Sa culture a été abandonnée après la crise du phylloxéra, il restait 80 ha en 1994. Il donne des vins frais, secs, peu alcooliques, élégants avec du caractère et une belle acidité. Il dévoile des arômes de fleurs blanches et de pommes.
La Counoise :
C’est un cépage noir d’origine espagnole qui fut offert au pape Urbain V — alors pape à Avignon — par un vice-légat nommé Counesa. Il reste environ 200 ha dans le sud de la France. Elle est généralement utilisé dans les assemblages où elle apporte finesse, souplesse et fruité. Ses arômes sont complexes (fraises des bois, framboise, prune, épices).
Cette variété française a été obtenue par Louis et Henri Bouschet en 1855 en croisant le Grenache Noir avec le Petit Bouschet Noir (aujourd’hui disparu). Il représente 4000 ha en Languedoc, Provence et Corse et 30000 ha dans le monde. Il se caractérise par des arômes de fruits noirs et d’épices.
Le Prunelart :
Il est originaire de Gaillac depuis le 15 ème siècle et est issu de l’ancien cépage bourguignon Tressot. Les raisins ressemblent aux fruits du prunellier d’où son nom. Il est le père des cépages Malbec et Duras. Il occupe une superficie de 15 ha. Il produit des vins colorés, charpentés aux notes d’épices et de fruits mûrs avec un potentiel de garde important.
C’est un vieux cépage blanc originaire de l’Isère où il reste 5 ha. Son nom rappelle la couleur verte foncée de ses feuilles et de ses baies. Les vins ont des arômes floraux et végétaux complexes alliant fraîcheur (citron, pamplemousse) et fruits mûrs (fruits de la passion, coing, réglisse). Il donne des secs et des liquoreux.
Le Len de l’el :
Loin de l’Oeil en français est un cépage blanc de la région de Gaillac qui signifie « loin du bourgeon » car la longue tige de la grappe éloigne celle-ci du bourgeon lui ayant donné naissance. Il serait issu d’une lambrusque (vigne sauvage) d’une forêt de la région. Sa superficie est de 640 ha aujourd’hui. Il se vinifie en sec, doux et vin de voile. Les vins sont très fins et frais avec des arômes de pomme, poire, fruits exotiques et fruits secs.
Nous commençons notre dégustation par le cépage Sacy avec un coteaux bourguignon blanc 2017 du domaine Gueguen, cuvée « Sacy ». Les vignes sont âgées de 40 à 50 ans. L’élevage est fait en cuve. La couleur est jaune pâle avec des reflets verts. Le vin est brillant, voir cristallin. Les larmes sont légères. Le premier nez est expressif et frai avec des notes citronnées et fleuries et une pointe minérale. A l’agitation, les arômes d’agrumes (pamplemousse) dominent et la minéralité s’accentue. La fraîcheur reste. La bouche est fraîche et dynamique avec un coté salin en finale avec une pointe d’amertume. Les agrumes restent présents. Ce vin est à boire à l’apéritif et en début de repas sur des crustacés ou des fruits de mer. La garde est de 2 à 3 ans.
Changement de couleur avec un IGP Hérault 2017, cuvée « Ponpon Le Cheval » du domaine Les terrasses de Gabrielle, 100 % Counoise. Le terroir est composé de granit et schiste. L’élevage est fait en cuve. La couleur est légère avec un rouge cerise limpide. Les larmes sont moyennes. Le nez est ouvert et fruité. Nous avons une grande complexité avec des notes poivrées, fumées, de fruits rouges (framboises) et de noyaux de cerise. Au second nez, la fraîcheur domine avec des arômes de fruits noirs (mûres), de poivre et une pointe de pierre à fusil. La bouche est souple avec du fruité et une finale poivrée. Il n’y a pas de tanins. Ce vin accompagnera une terrine mais aussi un poisson s’il est servi frai, peut être même en apéritif. La garde est de 2 à 3 ans.
Nous passons maintenant au cépage Alicante Bouschet avec un vin de table rouge, cuvée « Nuit d’Encre » du domaine Zélige Caravent millésime 2006. L’intensité est soutenue et sombre. La couleur est rouge rubis et tire sur le noir. Les larmes sont colorées. Le nez reflète l’évolution avec des odeurs de sous-bois et animales (gibier). Nous avons aussi des notes de fruits compotés. A l’agitation, nous avons des arômes de poivre, réglisse et d’eucalyptus. En bouche, c’est une déception, les tanins sont asséchants. Le vin est en fin de vie. Dommage, car il promettait.
Le vin suivant est un IGP Côtes du Tarn, 2016, cuvée « Prunelart » du domaine Plageoles. L’intensité est soutenue. La couleur tire vers le noir avec des reflets violines. Nous avons de belles larmes. Le nez est austère avec des arômes de fruits noirs (cassis) et une note métallique. Elle persiste à l’agitation accompagnée d’une pointe de poivre et de fougère. En bouche, le vin est puissant avec des tanins fermes. Cependant la texture est ronde et équilibrée avec des saveurs de cassis et de café. Un cassoulet lui conviendrait. C’est un vin de garde, au moins 5 ans.
Place à un demi-sec avec un IGP de Grésivaudan blanc, 2016, cuvée « Verdesse Vendange d’Automne » du domaine Finot. L’intensité est soutenue. La couleur est jaune d’or, voir vieille or. Les larmes sont belles. Nous avons des odeurs de fruits murs tel que la mirabelle et le coin avec des pointes de miel, d’agrumes et d’épices douces. A l’agitation, le coté miellé disparaît par laisser la place à la fraîcheur associée à une note toastée. En bouche, la fraîcheur et la vivacité dominent avec une bonne longueur. Un fromage de brebis, un plat épicé (curry) ou un plat sucré/salé s’accorderaient parfaitement avec lui. La garde est de 4 à 5 ans.
Pour terminer, nous découvrons un Gaillac doux 2015, cuvée « Loin de L’Oeil » du domaine Plageoles. L’intensité est soutenue et lumineuse. La couleur est jaune d’or. Les larmes sont épaisses. Au premier nez qui est puissant, les arômes sont complexes et concentrés (miel, coings, abricot, sec, figue, cire d’abeilles et épices). Au second nez, la fraîcheur et les agrumes apparaissent ainsi que des notes de fleurs d’oranger et de tilleul, tout en douceur et rondeur. En bouche, le vin est équilibré avec de la fraîcheur. L’attaque est sucrée et nous avons une saveur d’orange en finale. Une tarte aux coings, poire/abricot ou du roquefort s’allieraient bien avec ce vin. La garde est de 20 ans.
Excellente soirée qui nous a permis de découvrir des vins inattendus, voir rare car leur espace de diffusion est confidentiel. Nous espérons que le nombre de vignerons qui reprennent des cépages oubliés augmentera afin de produire de bonnes surprises comme celles de ce soir. Merci à Fabienne qui s’est démenée sur ce thème difficile.
Le coup de cœur en tenant ou pas compte du prix est allé à l’IGP Hérault 2017, cuvée « Ponpon Le Cheval » du domaine Les terrasses de Gabrielle, 100 % Counoise à 5,90 euros. Les prix s’échelonnent de 5,90 à 19 euros. Le degré d’alcool varie de 11,5 à 13 °.