Cette soirée est consacrée à deux appellations proches l’une de l’autre, Sancerre et Menetou-Salon. Elle a été préparée par Bernard Huang. Le vignoble sancerrois est le plus ancien avec des traces remontant au 1er siècle après JC. Il prend son essor à partir du 12ème siècle sous l’impulsion des moines de Saint-Satur et des comtes de Sancerre. Celui de Menetou-Salon date du 11ème.
Les appellations sont situées en centre-Loire dans le département du Cher.
L’AOC Sancerre existe depuis 1936 pour les blancs et 1959 pour les rouges et rosés. Elle couvre 2800 ha pour une production de 164000 hl. Menetou-Salon est classée en AOC depuis 1959 et s’étend sur 500 ha avec une production de 26000 hl.
Les cépages employés sont les mêmes, Sauvignon pour les blancs et Pinot Noir pour les rouges et rosés. Les rendements sont fixés à 65-75 hl/ha en blanc et 69-79 hl/ha en rouges et rosés.
La différence vient du sol et du climat, en effet, dans le Sancerre, les terrains sont souvent très escarpés et fortement pentus. Ses collines bénéficient de nombreux microclimats qui les protègent des vents forts et de la pluie (pluviométrie la moins importante de la région Centre-Loire). Les sols sont dits de terres blanches, de cailloutes et de graviottes. Dans le Menetou-Salon, nous avons des sols calcaires à argileux dont les graviers sont localement appelés « oreilles de poule ». Le climat est semi-continental avec des microclimats ici aussi.
Bernard étant un ardent défenseur des vins bio, les vins dégustés sont tous issus de l’agriculture biologique, voire bio_dynamie.
Nous débutons par un sancerre blanc, 100 % sauvignon, cuvée « Les Caillottes » 2017 du vignoble Dauny. Cette propriété familiale comprend 17 ha dont 13 en blanc et le reste en rouge et rosé, en agriculture biologique depuis 1964. Le terroir de cette cuvée est calcaire avec des vignes de Sauvignon âgées de 20 ans. La vinification est faite en cuve inox. La robe est pale et brillante avec des reflets argentés. Nous avons de belles larmes. Le nez a une bonne intensité florale (fleur blanche) avec une pointe de minéralité. En bouche, l’attaque est vive avec de la tension en bouche. La finale est longue avec une pointe saline. Ce vin se mariera avec un pain de poissons ou un crottin de Chavignol jeune. La garde est de 3 à 5 ans.
Nous restons chez le vignoble Dauny avec un sancerre blanc 2017, 100 % sauvignon, cuvée « Terres Blanches ». Le terroir est ici argilo-calcaire avec des vignes âgées de 28 ans. La vinification est faite en cuve inox. La robe est pale et brillante avec des reflets argentés. L’intensité est faible. Les arômes sont ceux du citron sur-muri et de la guimauve. A l’agitation, des notes herbacées apparaissent. En bouche, l’attaque est ronde, nous avons l’impression d’une boule. Bernard parle de vin sphérique. La finale est longue avec une note végétale de bourgeon de cassis en rétro-olfaction. Ce vin est à déguster avec un soufflé au crabe ou un crottin demi-sec. La garde est de 4 à 7 ans.
Toujours le vignoble Dauny avec le dernier sancerre blanc de la soirée, 100 % sauvignon, cuvée « Clos du Roy » 2017. Nous sommes sur un sol calcaire avec des vignes de 45 ans. La robe est pale et brillante avec des reflets argentés. Le premier nez est discret avec des arômes de fleurs blanches. A l’agitation, nous avons une odeur d’herbe et des notes d’alcool mais qui n’irritent pas. La bouche est ample et fraîche, elle s’appuie sur une belle structure. De nouveau, cette idée de vin sphérique, plus marquée qu’avec le précédent, nous avons l’impression d’avoir une bille en bouche. La finale est longue et apporte une note saline. Ce vin accompagnera un foie gras ou un crottin sec. La garde est de 5 à 8 ans.
Nous poursuivons avec un Menetou-Salon blanc, 100 % sauvignon, millésime 2017 du domaine Philippe Gilbert. Cette exploitation comprend 29 ha répartis également entre blanc et rouge. Le terroir de 13,7 ha est argilo-calcaire avec des vignes de 30 ans. La robe est jaune pâle avec de la brillance et des reflets argentés. Nous avons de belles larmes. Le premier nez est discret avec des notes citronnées et florales. A l’agitation, nous avons des odeurs de beurre qui s’ajoutent. La bouche est ample avec de la matière qui donne une impression de gras, d’huile, comme un film. Nous avons encore ce côté bille. La finale est minérale. A déguster avec des fromages de chèvres, crustacés, sushis.
Le vin suivant est un Menetou-Salon blanc, 100 % sauvignon, qui fait aussi partie du domaine Philippe Gilbert. Il s’agit d’une cuvée parcellaire argilo-calcaire de 1 ha, « Les Chandelières » millésime 2015 avec des vignes de 40 ans. L’élevage est de 18 mois sur lies sans batonnage en cuve inox. La robe est de couleur or avec des reflets argentés. L’intensité est faible avec des arômes de fruits jaunes. L’agitation dévoile des odeurs de fruits exotiques (ananas) et une pointe acidulée. La bouche est ample, emprunte de fraîcheur avec un coté sirupeux et gras, riche en matière. La finale est longue avec cette impression de bille qui descend, accompagnée de saveurs de lavande. Nous avons là un vin de gastronomie qui mérite un risotto d’asperges vertes ou une volaille truffée.
Nous terminons par un Menetou-Salon rouge (100 % Pinot noir) du domaine Philippe Gilbert, millésime 2016. Cette année a été marquée par le gel d’où des rendements très faibles et une seule cuvée en rouge. La robe est foncée, presque noire avec des reflets légèrement tuilés. Nous avons de belles larmes. Au premier nez, nous avons des notes de bois qui s’estompe à l’agitation pour laisser la place à des arômes de fruits noirs, de cuir avec une note poivrée et mentholée. En bouche, nous retrouvons les notes fumées, cuir et fruits à l’alcool du nez. Les tanins sont encore présents avec un effet dense et fulgurant. La finale est longue et fraîche. Un filet mignon rosé se mariera bien avec lui.
En conclusion de cette superbe soirée, Bernard nous a proposé des vins qui allaient à l’encontre des idées reçues, en particulier pour les blancs où le coté exubérant et fanfare du cépage Sauvignon était absent, pour laisser la place à des vins fins et complexes qui se dévoilent en bouche, notamment avec le coté sphérique que nous pouvons retrouver chez certains bourgognes. Les prix se situent dans une fourchette allant de 14,40 euros à 27,60 euros. Le degré d’alcool est de 13. Nous avons deux coups de cœur (même nombre de voix), il s’agit du Menetou-Salon blanc du domaine Philippe Gilbert, cuvée « Les Chandelières » millésime 2015 et du Menetou-Salon rouge du domaine Philippe Gilbert, millésime 2016.